1912 : Les Baigneuses Surprises

Les années 1912-1913 représentent un véritable tournant dans la carrière du peintre.

Lors de l'exposition au salon des Artistes Français de Paris, au printemps 1912, il présente une toile très différente de ce qu'il avait peint jusqu'alors. Autant jusqu'à présent les sujets choisis étaient tristes, traités dans des couleurs sombres, autant cette toile présente véritablement un virage complet . Le sujet ? On y voit trois jeunes filles riantes et nues s'habiller au bord de la mer. Les couleurs sont éclatantes de vie, les bleus explosent de lumière et de joie.
Les Baigneuses surprises gagnent une mention au Salon de 1912.
Exposée ensuite à Tournai, la toile est achetée par le musée de la ville, qui lance une souscription, et FALO empoche 2000 francs. Articles, louanges, demandes de reproduction, lettres de félicitation, ajout du peintre dans le livre d'Or des exposants, montrent que celui-ci s'impose dans le monde de la peinture conventionnelle. La toile, mal conditionnée pendant la Première Guerre mondiale, sera irrémédiablement abîmée, et FALO en refera une copie vers 1920. 


La toile Baigneuses surprises, exposée actuellement au musée de Tournai

Lettre à l'en-tête du Figaro, datée du 27 avril 1912, signée d'Arsène Alexandre.(https://fr.wikipedia.org/wiki/Arsène_Alexandre)
"Cher Monsieur et ami, Le tableau d'Allard l'Ollivier [sic] est un des plus importants du Salon. (...) C'est d'ailleurs un peintre très intelligent et très brillant que j'ai toujours suivi avec beaucoup d'intérêt.(...)


Extrait d'un journal ou bien du catalogue de la 28e exposition au Cercle Artistique de Tournai. 

"De M. Fernand Allard-l'Olivier [sic] Les Baigneuses surprises affirment les progrès constants du jeune artiste qui a abordé avec sûreté et avec bonheur un sujet difficile; sa palette, tout-à-fait dégagée des noirs et des bitumes qui l'obscurcissaient autrefois, prodigue aujourd'hui la couleur, et harmonise les valeurs avec un remarquable instinct de coloriste ; sur le fond de ciel bleu, les tons de chair avivés par le plein air forment un ensemble chatoyant que relèvent encore les amusants bariolages des accessoires de premier plan." (...)

 


Les expositions s’enchaînent : au Cercle Artistique de Tournai, toujours en 1912, ce sont trois toiles bretonnes que le peintre présente et qu'il vend. 


En 1913, le peintre présente au Salon des Artistes français deux toiles bretonnes à nouveau : Le Pied blessé et La Mer à Penmar'ch. La première de ces toiles est dans la même veine que celle de l'année précédente : jeunes filles rondelettes et appétissantes, nues. Je n'ai malheureusement qu'une photo noire et blanc de cette toile, qui fut détruite pendant la guerre. 



Aux mêmes causes les mêmes effets, la toile a un bon succès. 
En juillet 1913, Fernand Allard l'Olivier est le centre d'une exposition importante. En effet, le Cercle Artistique de Tournai met en valeur quatre artistes, et 51 toiles de Fernand Allard L'Olivier sont exposées. 


Mais dans le journal qu'il tient en 1913 voila ce qu'on peut lire : "Il me semble revivre après une longue année de travail médiocre. Quels péchés que les portraits faits au début de l'année...Faut-il que le besoin d'argent soit pressant ? ". 
Il est en fait fort probable que ces toiles qui se vendent bien, nus colorés et souriants, portraits classiques de famille ou de personnages importants, soient plus alimentaires que vraiment personnelles. 

Mais le résultat est là. La situation matérielle du jeune couple s'améliore ce qui est une bonne chose, puisque Juliette est enceinte de leur premier enfant. 

Allard L'Olivier réalise alors un des souhaits qu'il exprimés en 1901 en arrivant à Paris. Il déménage à Montmartre (ils habitaient jusqu'alors boulevard du Montparnasse) dans un nouvel immeuble construit dans le prolongement de l'avenue Junot, c'est à dire tout en haut de la butte, près du "Château des Brouillards".